Un Week-End en brousse
Ce week-end, nous sommes allés à Befeta : un village à une quarantaine de kilomètres de Fianarantsoa. Nous y étions invités par un ami prêtre missionnaire dans cette paroisse.
Une occasion de découvrir Madagascar sous un nouvel angle, celui de 75% de la population… Que de richesses reçues au cours de ce week-end, vécu dans les conditions très rudimentaires de la brousse !
- Tout d’abord, le trajet : 12 km de route, puis 30 km de piste. Pour l’occasion, nous nous sommes fait prêter un vieux 4x4 Toyota, car la piste n’est pas praticable en Renault 5. Nous voilà ainsi partis de bon matin, tous les 6, pour une traversée de paysages tous plus beaux les uns que les autres. Et nous nous enfonçons, vallée après vallée, dans les montagnes.
Des traversées de villages, avec ces marchés Betsileo hauts en couleur (des habits aux couleurs presque fluos associées les unes aux autres de manière très (d)étonnante).
Des traversées de ponts branlants, que l’on accepte d’emprunter seulement parce que l’on sait qu’il y a des camions, plus lourds, qui traversent …
- Nous arrivons à midi, juste pour partager l’assiette de riz avec les 140 enfants qui sont en retraite de préparation de leur première communion.
Ces enfants sont venus des 4 coins de ce secteur de la paroisse (pour la plupart, 2 ou 3 heures de marche).
Après le repas, certains sont partis répéter des petites saynètes, et les 100 autres nous entourent, comme si nous étions des bêtes curieuses. Oppressant pour Anne-Colombe et Elise, qui sont complètement noyées dans la foule. Nous lançons alors un jeu des poissons et des pêcheurs avec tous ces enfants. Après plus d’une demi-heure d’explications infructueuses (notre malgache n’est décidément pas suffisant !) nous parvenons à leur expliquer les règles en leur montrant l’exemple.
Que de bonheur de voir ces 100 enfants éclater de rire tout au long du jeu !
- Après la messe (avec des enfants de cœur pieds nus), puis une petite promenade avec notre ami Bruno, enfin libre, (promenade durant laquelle les filles tombent nez à nez avec un boa), nous prenons notre repas à base de riz (encore !) et de brèdes (genre d’épinards cuits à l’eau, et qui accompagnent souvent le riz). Pour tout éclairage, la bougie car ce village n’a évidemment pas l’électricité. Nous allons nous coucher sans trop nous laver : par manque d’éclairage, et par manque de goût pour une douche froide au seau, rapporté de la fontaine du village…
- Le dimanche matin, c’est la messe de première communion : les enfants sont sur leur 31 (robes de princesses blanches pour les filles, petits ensembles pour les garçons) et ils ont presque tous des chaussures pour l’occasion !
Les parents arrivent de leurs villages respectifs. Ils arborrent leurs habits fluos les plus beaux, et c’est pour nous un spectacle fascinant que de les observer, en attendant le début de la célébration. C’est parti pour 3 heures et demi de messe, sans un mot de français. C’est peu en comparaison des 6 heures que Manon avait subies le WE d’avant, pour la confirmation d’une de ses amies ! Les chants sont très beaux, et nous sommes heureux de partager ce temps de fête avec cette communauté.
Les enfants avant de se changer : et après ...
- Après le repas pris à 14h (avec frites pour accompagner le riz et écrevisses pêchées juste pour nous le matin !), nous prenons la route avec Bruno. Nous rentrons par un nouvel itinéraire comprenant 45 km de piste, et 55 km de route. L’occasion de découvrir une autre partie de la paroisse qui s’étend sur un rayon de 60 km, qui comporte 4 villages principaux, et 33 églises au total, et dont la majorité n’est accessible qu’à pied (ce qui vous permet d’imaginer la vie de prêtre en brousse !). Les paysages sont envoûtants. Sur les 15 premiers kilomètres, des enfants qui rentrent chez eux avec leur famille, crient à tue-tête des ‘’Monpera !’’ de joie, au passage de notre voiture transportant ‘’ny Monpera Bruno’’ !
Le trajet ne se fera pas sans planter la voiture dans un bourbier. Des villageois (il y a toujours quelqu’un, où que l’on soit …) viennent avec leur angady (sorte de pelle, bêche, pioche) pour nous aider, et nous pousser ensuite.
- Nous faisons une halte dans le village de Ikalalao, ou nous attend l’autre prêtre de la paroisse, malgache lui. Il vient de célébrer 400 premières communions ! Il nous attendait avec impatience, et avait préparé un goûter pour nous signifier sa joie de nous accueillir, et nous remercier pour le témoignage que nous apportions en acceptant de passer ce week-end dans sa paroisse. Nous avons été profondément touchés par sa réaction.
- La fin du trajet se termine de nuit, car le soleil se couche désormais dès 17h30. Nous arrivons à la maison vers 20h, un peu fatigués …
Difficile de s’endormir …
Difficile de s’endormir, avec tous ces visages, tous ces sourires, tous ces témoignages de joie de nous accueillir.
Difficile de s’endormir, avec tous ces paysages sauvages et magiques.
Difficile de s’endormir avec cette découverte de la vie d’un prêtre missionnaire qui vit si simplement, dans un milieu si différent, et qui a fini par trouver sa place, à force de persévérance dans l’apprentissage de la langue, et d’efforts pour comprendre peu à peu une culture bien mystérieuse …